Orso Alamanno ou Orso-la-mano était un seigneur tyrannique qui régnait sur la plaine de Figari, nommée Freto à l’époque. C’est dans la Chronique de Giovanni Della Grossa que l’on peut trouver trace de la légende. Nous vous proposons ci-dessous deux récits, le récit du chroniqueur Giovanni Della Grossa (XVème siècle) et celui de Don Jacques Canonici qui est celui transmis de bouche a oreille depuis des siècles.

1/Chronique Giovanni Della Grossa:

« Le Seigneur qui régnait en ce temps-là descendait d’Orso, officier des Biancolacci.

Il s’appelait Orso-la-mano et était réputé pour avoir tous les vices ; il ne faisait pas beaucoup la guerre aux Bonifaciens et protégeait encore moins la population. Il s’employait seulement à opprimer la population de Freto. Entre autres usages, il avait établi un statut abominable selon lequel tous les hommes qui se marieraient en prenant femme vierge devraient appeler Orso-la-mano à leurs noces. Celui-ci devrait passer avec l’épousée la première nuit et le lendemain matin la reconduire chez son époux. Ce méchant homme ayant commencé à introduire ce détestable usage parmi les pauvres gens de Freto, un homme qui s’appelait Piobitto se proposa d’apporter remède à ce crime. Avec son beau poulain de course, il commença à aller chasser les cerfs et toute sorte d’animaux en s’exerçant à leur jeter une corde dont l’extrémité formait un nœud coulant qu’il lançait afin d’attraper les animaux en courant avec son poulain. De cette façon, il attrapait les chiens, les cerfs et autres animaux.

Quand il lui parut que lui-même et son cheval avaient acquis assez de dextérité et d’assurance à cet exercice, comme il était en relation avec un homme Principal nommé Giacomo de Gagia, un jeudi soir Piobitto alla le trouver habillé en chasseur et il vit une jeune fille en âge d’être mariée qui lui plut. Prenant Giacomo en aparté, Piobitto lui demanda sa fille en mariage.

Giacomo lui répondit, en homme d’honneur, qu’il ne voulait pas marier sa fille de crainte de l’outrage qu’Orso-la-mano lui infligerait, à moins qu’il ne fût lui-même en mesure de la défendre contre Orsolamano. Piobitto confia alors son projet à Giacomo, et Giacomo l’ayant entendu, ils se promirent l’un et l’autre le mariage. Le samedi soir, à la nuit tombée, Piobitto envoya un messager pour faire savoir à Orso-la-mano qu’il voulait prendre pour épouse la fille de Giacomo, il ne voulait pas faire les noces sans qu’il y participât, conformément à son statut, et il lui demandait de ne pas prendre ombrage du caractère soudain de ce mariage.

Orsolamano lui répondit qu’il avait eu tort de ne pas l’aviser plus tôt. Le dimanche matin, Orso-la-mano partit au galop sur la route de Foce-di-Pruno avec quelques hommes à cheval, et Piobitto se tenait au col avec quelques cavaliers dans l’attente de sa réponse. Quand Orso-la-mano arriva, ils l’accueillirent et Piobitto commença à parler à Orso-la-mano tout en faisant courir son cheval de part et d’autre, afin de mettre Orso-la-mano en confiance. Il lui dit : – C’est là le meilleur cheval de Freto, je crois que demain, vous serez heureux de l’avoir devant la mariée. Si vous voulez vous éloigner d’une demi course de cheval, je viendrai vers vous au galop et vous verrez la course du cheval dans cette plaine. Tandis qu’Orso-la-mano allait se mettre à l’autre bout du trajet que devait accomplir le cheval, Piobitto le suivit, lui jeta le lasso qu’il portait fixé à l’arçon de sa selle, caché sous une pelisse. Il attrapa Orso-la-mano et éperonna vigoureusement son cheval en courant de part et d’autre de sorte qu’il le déchiqueta sur place. Les hommes qui étaient avec Orso-la-mano commencèrent à crier puis se calmèrent aussitôt. Personne ne prit les armes et n’osa évoquer ni esquisser une vengeance. Chacun s’en alla à ses affaires. Aussitôt, la nouvelle du malheur se répandit à travers la région de Freto pour la plus grande joie de tous. La colère du peuple était si grande que les gens de sa maison étaient exécutés partout où ils se trouvaient. Le château de Monte Alto fut pris et détruit, tous les hommes de sa famille furent tués, les femmes violemment maltraitées et humiliées par les hommes qui tous abusèrent d’elles charnellement et publiquement. Sur le lieu même où il avait été tué, Orso-la-mano fut enterré dans la campagne, hors des lieux sacrés, comme le méritait vraiment cet homme qui avait donné un si mauvais exemple dans la moindre de ses actions.

Sa sépulture fut à l’image de sa vie, de sa réputation et de sa mort.

Toutes les femmes de Freto tinrent une assemblée dans une église avec la femme de Piobitto, et toutes lui firent honneur et révérence comme à l’épouse de celui qui les avaient toutes honorées. Elles lui placèrent sur la tête un ornement en guise de couronne et elles firent à Freto un édit selon lequel aucune femme, en présence de la femme de Piobitto, ne pourrait orner sa tête d’un semblant de couronne ni placer sur sa tête une guirlande qui rappelât une couronne. Elle seule pouvait porter une couronne à sa guise, toutes les femmes devraient l’appeler Madame et aucune autre dame ne devait en sa présence être appelée Madame.

Orso-la-mano mort, comme on l’a dit, le peuple de tous les villages de Freto se rassembla pour décider de la façon dont ils devaient se gouverner dans les choses de justice. Il fut décidé que toute la région devrait se gouverner en peuple et commune et que le nom de seigneur n’existerait plus. Les querelles intestines reprirent de mal en pis ainsi que les vols et crimes de toutes sorte et ces gens n’étaient capables d’aucune bonne action.

Un an après la mort d’Orso-la-mano, retournant sur ce lieu où il avait été tué et enseveli au hasard, quelques hommes allèrent d’un commun accord ouvrir la sépulture parce qu’on disait qu’il y avait vraiment le démon.

Quand elle fut ouverte, ils n’y trouvèrent ni chair ni os, comme s’il n’y avait jamais été enterré. De la sépulture, il sortit seulement une grosse mouche de la Taille d’un frelon, et cette mouche volait autour des hommes qui avaient ouvert la sépulture en taisant un bruit semblable à celui des grosses mouches. Ensuite elle s’éloigna dans les environs, et tous les humains, de même que les animaux, mâles et femelles, mouraient aussitôt. Cette mouche grandissait et au bout de dix ans, elle devint de la taille d’un bœuf, de sorte qu’elle ne pouvait plus voler, et de son souffle elle empoisonnait les personnes qui par malheur s’approchaient d’elle et partout où elle se trouvait, il en était de même pour toute chose vivante. A la fin, elle se tenait au milieu de Freto en un lieu qui s’appelait le col de Pruno; du levant jusqu’au ponant, la région est en pente et ensuite le rivage est plat jusqu’à la mer; du Nord au Sud, il y a des montagnes dont l’une s’appelle chaîne de Coggio et l’autre, vers Bonifacio, s’appelle Serra di l’Oro. La mouche à la fin, se tenait à ce col ; et dans les villages vers lesquels le vent portait l’odeur de la mouche, toute la population mourait, les humains, les animaux ; et même les plantes dépérissaient.

Les villages se dépeuplèrent, beaucoup de gens fuyaient pour se réfugier dans les grottes et ils mouraient là où le vent portait cette odeur.

Voyant une telle destruction, Piobitto s’en alla à Pise discuter avec de savants docteurs du remède à apporter. Ceux-ci lui ordonnèrent un certain onguent à base d’huile de baume, d’autres drogues et ingrédients aromatiques, avec injonction de s’en oindre et d’en oindre son cheval, régulièrement, pendant un mois. Ensuite, selon leurs conseils, il pourrait aller tuer la mouche avec une lance, puis il devrait user du même baume, pour lui et son cheval, pendant un autre mois. Munis de ces conseils et de ce remède, Piobitto s’en revint de Pise en Corse à Freto. Il utilisa avec diligence, pendant un mois, l’onguent qu’il avait apporté, après quoi il alla où était la mouche et avec une lance il la transperça et la tua. Ensuite, il utilisa le baume pendant huit jours seulement. Se sentant en bonnes dispositions, il décida de ne plus s’oindre, jugeant qu’il était hors de danger. Apres avoir cessé de s’oindre, il mourut en quelques heures ainsi que son cheval.

Freto resta en grande partie dépeuplée, et ceux qui restaient se faisaient la guerre et vivaient en grandes discordes. Les gens de Bonifacio leur faisaient la guerre et, comme désespérés, ils s’en allaient habiter dans d’autres lieux, et il ne resta plus qu’un village qui s’appelait Conca.

Bien que par la suite, beaucoup de gens aient été habiter dans ces villages, cette région est restée sauvage. Freto était un des meilleurs lieux de Corse pour semer et pour toutes les choses nécessaires à la vie des hommes, les plantes comme le bétail. Autrefois, cette région était habitée plus que d’autres lieux, avec de très beaux champs, les meilleurs ports de Corse et il y avait dans la montagne, vers Carbini, toute sorte de bois pour la construction et les vaisseaux. Aujourd’hui, il n’y a pas d’autre habitation que celle qui a été construite par les hommes de Quenza, à mi-chemin entre Quenza et Freto, appelée Lo Spitale. Le lecteur trouvera sans doute étrange, incroyable et non dépourvue d’imagination l’histoire de cette mouche de Freto. Cependant ceux qui ont vu, entendu et lu les choses merveilleuses qui se sont produites en divers lieux, à diverses époques, ne trouveront pas incroyables ces histoires qui relatent la naissance d’êtres monstrueux, des personnes avec deux têtes ou des membres en trop ou en moins, et des pluies de sang, ou l’infection de l’air, les animaux qui tuent par leur odeur, leur regard ou leur morsure. On a entendu parler de l’horrible monstre qui fut aperçu autrefois, traversant la ville de Palerme et terrorisant cette cité par son venin et sa férocité, ce monstre dont parlent quelques auteurs dignes de foi. Quoiqu’il en soit, il faut croire ce qui est dit et assuré, que cette mouche provoqua un grand dommage en Corse, et cela est resté perpétuellement dans la mémoire.

Aujourd’hui les petits et les grands quand ils veulent parler d’une chose pestifère et miraculeuse- disent : Est-ce que ce ne serait pas la mouche de Freto? – Et cela dure et durera éternellement.

Je suis sûr que Dieu a voulu châtier les abominables péchés, homicides et violences qui sévissaient dans cette contrée, qui s’est dépeuplée comme on le voit. »

2/Récit de Don Jacques Canonici

« Cette légende a cheminé à travers les siècles, retransmise, furtivement par la voix Auguste des patriarches autour du « fuconu », A Zidda Ziddonu dit-on chez nous les soirs d’hiver lorsque les appels rauques du vent haletaient derrière l’épaisseur de la porte.

Des générations de jeunes Corses ont écouté passionnément l’histoire du comte, si belle, à la lueur fuligineuse des torches de résine fichées entre les pierres mal, les murs non crépis de nos vieilles maisons. La région de Figari s’appelait alors la plaine de Fretu.

Le comte y régnait en maitre absolu. Il s’était fait bâtir un château sur l’amoncellement de rocher granitique qui coiffe le village de Figari et dominer la plaine jusqu’au golfe. De son château, le Comte surveillait la plaine où travaillaient pour lui des centaines de serfs.

Ces Jacques misérables, payaient à leur seigneur de lourdes redevances. Ils acceptaient docilement cet état de servage qui leur semblait tout naturel.

Ne fallait-il pas des Nobles et des roturiers ?

Des gens et de la racaille ?

N’était-ce pas dans l’ordre des choses ?

Cet ordre qui faisait accepter passivement toutes les rigueurs du « Comti Pazzu » car on l’avait surnommé ainsi.

(Pazzu est un péjoratif appliqué à celui qui se signale par des goûts bizarres, un comportement voisin du déséquilibre, au contraire du bon sens).

Et ne méritait-t-il pas ce sobriquet celui qui passait tout l’été dans l’insalubre Fretu infesté alors de moustiques et qui, l’hiver venu émigrait sur le plateau de la Tasciana à Carbini où il possédait un deuxième repère fortifié.

De plus, il existait une coutume contre laquelle s’insurgeaient les sujets du comte, parce qu’elle mettait à leur front, le rouge de la honte et la marque infamante du déshonneur : le droit de cuissage. Cet usage barbare n’avait pas épargné, la Corse et le comte en usait sans défaillance et sans scrupules.

Rien n’avait pu le déterminer à faire abandon d’un privilège qu’il considérait, comme naturellement attaché à sa qualité de suzerain. Cependant qu’au cœur des paysans bafoués chaque jour, la haine levait lentement, en même temps que s’allumait une vague idée de vendetta.

Mais qui oserait brandir l’étendard de la sédition ?

Qui ne craindrait pas de se rebeller contre la pratique d’un droit abject, certes, mais fort de plusieurs siècles d’existence ?

Le comte était trop puissant, Les jacques trop habitués à une totale soumission. Or, voilà qu’un jour Piubettu, un jeune laboureur du Cardu, célébrât « l’abbracciu », (les fiançailles). Il aimait la plus jolie bergère de la plaine, Bianca, et celle-ci répondait, chastement à son amour. Intelligent, il avait beaucoup pensé, beaucoup réfléchi, et pris, peu à peu conscience de son humaine condition.

Une certaine aisance lui avait permis d’occuper ses loisirs, apprendre à lire à découvrir dans le langage silencieux des manuscrits, une foule de choses. Mystérieux, les signes des parchemins avaient peu à peu acquis la puissance d’une captivante magie, la force persuasive d’un Oracle.

Il se découvrit un autre homme, un homme libre, connaissant le prix de la dignité. En choisissant Bianca, la fille, superbe, pétrie de lait et de sang, comme disait avec saveur les vieilles femmes, Piubettu songeait bien au comte qui n’avait pas manqué de réclamer pour lui la première nuit de noce. Bianca y songeait aussi, avec un sentiment d’horreur.

Mais Piubettu avait décidé que jamais plus, Orsu la manu n’accomplirait son forfait. Il ne s’agissait pas de l’en empêcher par la peur ou la violence. Le vieux comte conservait encore trop d’indiscutable prestige, trop de puissance.

Piubettu conçu donc un projet très habile pour assurer le triomphe de son entreprise. Il manœuvra de telle sorte que l’irascible despote fini par le prendre en sympathie. L’esprit, les connaissances de Piubettu le séduisirent. Il désira le rencontrer plus souvent pour avoir le plaisir de converser avec lui.

Lorsque Piubettu se fiança, Orsu la manu eu l’occasion d’admirer l’appétissante victime, promise en holocauste a ses rudes caresses. Et depuis l’image de Bianca hanta les nuits du sadique Baron.

Or, le comte se passionnait pour les chevaux, et Piubettu le savait. Il en dressa deux, qu’il nourrit, l’un de blé, l’autre d’orge. Le jour de son mariage, il les présenta à son maître, le priant d’en choisir un. Orsu choisit le plus gras qui flattait l’œil, dédaignant le cheval nourri d’orge apparemment moins vigoureux. Piubettu en paru satisfait.

Chacun attendait à présent le signal de la cavalcade, rituel ou les meilleurs cavaliers, allaient se disputer, l’honneur de prendre à Sposata en croupe. Orsu la manu, ravi du présent de Piubettu, brûlait du désir violent d’emporter la ravissante Bianca.

Enfin, la fantasia, s’ébranla dans un mouvement endiablé. Le comte est en tête ayant tout de suite distancé tous les concurrents. Seul, Piubettu, paraissait vouloir lui disputer la tête mais sans, toutefois, parvenir à le rejoindre.

Bientôt, les deux hommes sont hors de vue. Alors, il arriva quelque chose d’extraordinaire, Piubettu se penche et parle bas à son coursier, puis, lâchant la bride, jette vers le ciel une suprême invocation. Son cheval bondit s’envole et se rapproche d’Orsu la manu.

Piubettu saisi un lasso dissimulé dans ses vêtements, le fait tournoyer et le lance d’une main sûre. La longue lanière vient s’enrouler autour du cou d’Orsu.

Arraché brutalement de sa selle, le compte roule à terre et dans une course fantastique Piubettu traîne le vieux tyran sur le sentier rocailleux. Il ne s’arrête que lorsque le comte n’est plus qu’un cadavre déchiqueté. Piubettu revient seul, « le comte est mort », dit-il, « son cheval, l’a désarçonné. Je n’ai rien pu faire ».

La fin tragique du comte fut regardée comme une intervention divine. Dans le cœur des habitants de la plaine, la paix mit un baume serein.

Ce soir, là, le comte coucha avec la mort. Les chiens, les renards et les corbeaux lui firent une douce sépulture.

Mais, comme une malédiction, l’âme satanique d’Orsu erre sur les lieux de ses crimes.

Un beau matin de mai une jeune bergère suivait distraitement son troupeau de brebis quand elle aperçut émergeant d’une touffe de ronces, un crâne humain.

« Tiens le crâne du conti Pazzu » dit-elle en s’approchant et le repoussant du pied, après avoir craché avec mépris.

Au même instant, un étrange bourdonnement sembla animer la carapace blanche. Brusquement, une mouche s’en échappa et se mit à grossir démesurément, elle prit son envol et disparu dans un épouvantable tintamarre.

Alors la peur, la grande Peur s’empara du fretu . Partout déjà, on voyait une monstrueusement mouche qui laissait sur son passage une odeur pestilentielle. Tous ceux qui la respiraient, étaient gagnés par un mal étrange, qui les menaient lentement à la mort.

On chuchotait : « l’âme damnée du comte est revenue ».

Comment ne pas y croire, puisque le musconu manifestait les mêmes bizarres habitudes du conti Pazzu. Elle restait l’été durant dans la plaine, puis, à l’approche de l’hiver, on l’apercevait sur les hauteurs de la Tasciana et dans les lieux préférés du comte.

Cependant que l’obsession rongeait Piubettu qui, conservant un fond de suspicion commune à tous les Corses, discernait dans la présence de cet insecte une sorcellerie maléfique à laquelle il se sentait un peu lié.

Ses nuits se peuplaient d’horrifiantes apparitions. Il ruminait 1000 projets inconsistant. Puis, un jour, il commença à se livrer à d’obscurs préparatifs dans le plus grand des mystères. Puis un soir, il annonça aux siens : « demain, je me battrai avec le musconu di fretu ». On le prit pour un fou, on essaya partout moyen de lui faire abandonner son idée absurde mais rien n’y fit.

Au premier chant du coq Piubettu se leva. Fit ses adieux au milieu des plus déchirantes lamentations. Nul dans le hameau n’était au courant de sa téméraire entreprise.

Juillet, ce jour-là, grillait la plaine et une lente somnolence pesait sur toute chose comme une chape de plomb. Vers midi, le silence se brisa brutalement. Du côté de la marécageuse canniccia, s’éleva un fracas infernal.

Sous le toit de Pubettu, devant des cierges allumés sa famille, à genoux, priait Dieu. Contre toute attente, Piubettu rentrera une épée aux côtés et portant sur son dos un étrange appareil.

Son visage paraissait surgi d’un sépulcre. Mais dans son œil sombre, brillait l’éclair victorieux.

Pour la deuxième fois, il avait débarrassé la région de son mauvais génie. Il ne voulut donner aucun détail de son combat. Il déclara simplement désignant l’épée « u musconu hé mortu»

Mais comme il y a toujours des incrédules, certains signifiaient quelques scepticismes et sollicitaient la preuve de l’incroyable de l’exploit.

« Suivez-moi » leur fit froidement Piubettu.

Après s’être éloigné du village, il s’arrêta, plaça, le mystérieux engin, qui avait intrigué tout le monde sur son visage, laissant ses yeux seul à découvert.

Puis, tirant l’épée encore dégoulinante, du sang du musconu, il dit :« voilà un témoignage qui vous coûtera cher ».

Ceux qui se trouvaient près de Piubettu esquissèrent un mouvement de retrait mais trop tard. On les vit porter les mains à leurs figures, à leurs gorges comme s’ils étouffaient, puis s’affaissèrent, terrassés par la mortelle odeur répandue par le sang du monstre.

Piubettu, s’en retourna d’un pas lent est nul n’osa lui parler.

Il vécut longtemps encore au milieu de sa famille entouré du respect de tous.

Telle est la légende d’Orsu la Manu, elle contient certainement sa part de vérité.

La mouche pestilentielle a probablement symbolisé dans tous les esprits de nos pères, le terrible fléau de la malaria. »

 

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